20h. Pendant des décennies, la France semblait se suspendre à cette heure précise. Mais que reste-t-il aujourd’hui de cette « messe sacrée » de l’information et de ses fidèles ? Autrefois source principale d’information pour une majorité de Français, le journal télévisé doit désormais faire face à une concurrence accrue, la multiplication des canaux ayant profondément transformé les modes de consommation de l’information.
“24h/24, dans un torrent d’informations, nos contemporains ne savent plus où donner de la tête devant l’avalanche de nouvelles, souvent mauvaises, qui leur parviennent de tous côtés” (Guénaëlle Gault et David Medioni, dans un entretien accordé à Ouest-France)
Pour les auteurs, cette surexposition à l’information a entraîné une nouvelle maladie touchant la moitié des Français : la fatigue informationnelle. Dans un monde saturé par l’information continue, la question semble alors se poser : comment continuer de s’informer sans s’épuiser ?
En 2024, 94% des Français s’informent quotidiennement selon une étude sur les liens entre les Français et l’information de l’Arcom. Ce chiffre, bien que révélateur d’un appétit toujours fort pour l’actualité, cache une réalité plus complexe. Les jeunes générations sont celles qui délaissent le plus les formats traditionnels comme le JT pour des sources plus instantanées ou les réseaux sociaux. Les personnes âgées continuent d’être fidèles aux JT, qui restent une référence pour elles. Néanmoins, les jeunes, souvent plus sceptiques et anxieux face à l’actualité, sont également les plus enclins à éviter certains types de contenus.
Ce profil démographique souligne un contraste générationnel majeur dans le rapport à l'information : d'un côté, des jeunes actifs, constamment sollicités par leur smartphone, et de l'autre, des générations plus âgées qui maintiennent une approche rituelle face aux médias traditionnels selon l’Arcom.
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Toutefois, la tendance globale s’inscrit dans un contexte propice à s’informer. L’envie d’en apprendre plus sur l’actualité l’emporte sur la volonté de s’en détourner. L'enquête proposée par l’Arcom souligne que 1336 sur 2949 répondants (soit 45,34%) s’informent autant qu’avant. L’information occupe, de facto, une place toujours significative dans la vie des citoyens.
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On note également que les motivations à s’informer sont plurielles et répondent à un besoin constant d'être au courant des bouleversements sociétaux. Selon l'Arcom, 542 répondants (16,3%) ressentent le besoin de comprendre le monde qui les entoure. A part égale, 582 sondés (17,5%) évoquent leur volonté de rester informés des grands événements. L’information agit donc comme un marqueur social permettant aux individus de débattre, d’échanger sur des thèmes communs. L'envie de développer son esprit critique se retrouve chez 498 Français (15%) qui s’informent pour se forger leur propre opinion.
Les motivations à s’informer varient aujourd’hui considérablement, reflet d’un rapport à l’actualité devenu plus complexe. La surabondance d’informations a un effet paradoxal : bien que la majorité des Français continuent de s’informer « autant qu’avant », 675 d’entre eux (22,8%) ont fait le choix conscient de réduire leur consommation d’information. Ce recul témoigne d’une saturation face à un flot continu d’actualités, anxiogènes et répétitives. La diversité des usages et des raisons derrière cette consommation fluctuante montre que chacun adapte sa relation à l’information en fonction de ses besoins et de sa tolérance émotionnelle.
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Une proportion croissante de Français choisit d’éviter délibérément les actualités. D’après la même étude de l’Arcom, 1799 personnes (soit 61 % des répondants) avouent éviter « parfois » ou « souvent » l’information. L’argument le plus fréquent pour justifier cette distance est la fatigue informationnelle, exacerbée par l’omniprésence des nouvelles négatives et leur tonalité alarmante.